MOMENTS DE GRÂCE...

Publié le 12 avril 2008 par Laurence

J'ai connu deux fois cette semaine , le bonheur de sortir d'une salle en marchant à quelques centimètres du sol... Pas mal, pour inaugurer ce drôle de printemps , non ? Une première fois, en assistant à un colloque sur les marionnettes ...Mais oui, chassez tout de suite votre idée préconçue des marottes poussiéreuses dans le castelet bariolé de votre enfance ! La marionnette , sous ses formes les plus diverses, est un admirable partenaire pour l'auteur, l'acteur et le metteur en scène. Ce bout de chiffon, de bois, de plastique, de papier froissé, brut ou sophistiqué, permet de porter un autre regard, une autre écoute sur un récit théâtral. Il fallait entendre François Lazaro (Clastic théâtre) Emilie Valantin (Théâtre du Fust) ou Laurent Contamin, jeune et talentueux auteur, en parler avec une passion et une intelligence si lumineuse, qu'on rêvait de se précipiter pour découvrir ou revoir ce "théâtre autrement". Regardez leurs "poupées", vous comprendrez mieux ce que sont ces "objets marionnettiques non identifiés"...et comment ils peuvent élargir le champ de notre imaginaire.

Je ne sais pas si le terme "Moment de grâce" est vraiment approprié pour qualifier ma deuxième expérience de "lévitation heureuse" si je considère le titre générique de cette manifestation" Usages du monde - Vivre , écrire Jérusalem"...Et pourtant ces deux heures de temps "gagné" à écouter des paroles d'auteurs ou de philosophes ont si bien contribué à nourrir ma réflexion sur le sujet , que j'avais l'impression flatteuse d'être plus intelligente en sortant, qu'en entrant deux heures auparavant dans la grande salle de Beaubourg. Je n'ai pas pu assister à l'ensemble de la manifestation prévue de 17h à 23h30, mais je tenais à entendre le texte (inédit) de David Hare "Via Dolorosa"qui apporte un regard aigu, sensible et original sur cette région du monde et le texte inédit également, de Jean-Yves Picq "Lettre d'ailleurs
et d'aujourd'hui", une lettre adressée à son fils de vingt ans pour lui raconter en une quinzaine de pages, le ressenti du quotidien dans les territoires occupés et tous les sentiments contradictoires qu'il génère...Pour preuve, les dernières lignes de ce texte magnifique "Cette lettre du troisième cercle, le dernier, le cercle du feu et du fer, le cercle de l’enfer et de tous les enjeux, je te l’envoie en ce jour de 19 janvier 2007 du calendrier romain – de l’ère commune, comme disent les Hébreux

- soit le 29 Tevet 5767 du calendrier juif,
- ou le 30 dou al hija 1427 du calendrier musulman.
Cette diversité de dates devrait ravir.
Elle est malheureusement souvent la source de tous nos maux quand seule devrait compter, pour tous, la date de l’apparition de la vie sur Terre, soit quelque trois milliards et demi d’années."
Je vous laisse méditer sur ces sages paroles, je raconterai demain le troisième volet de ce moment de grâce à Beaubourg, à savoir l'entretien entre Mohamed Kacimi et Regis Debray.