NE PAS CONFONDRE COMÉDIEN ET GUIGNOL...
Je cours toujours avec mon sablier en jouant à cache-cache avec Monsieur Chronos, qui prend un malin plaisir à me faire manquer mes rendez-vous avec vous. La fin de la semaine dernière fût très occupée et s'est terminée par une représentation de "(H)istoires de filles" que nous reprenons cette année toujours dans des lieux hors mode et hors les murs, mais devant des publics toujours aussi intéressés par ces témoignages de femmes qui forcent la prise de parole et les débats passionnants. Mon dimanche, lui, fût occupé à retravailler sur la marionnette crée et terminée début août, mais qui, pour satisfaire aux nouvelles exigences de la mise en scène, devait subit un radical changement de "look". Lundi, je me suis rendue à l'autre bout de la France, d'où je vous écris aujourd'hui. Durant mon voyage en train, j'ai feuilleté le magazine TGV pour y lire l'interview d'Isabelle Carré - actrice touchée par la grâce, modèle de finesse, d'intelligence et de pertinence dans le choix de ses rôles. Cette grande actrice subissait donc avec impatience et élégance, les questions stupides que lui infligeait la journaliste, qui, pour terminer lui assène un brutal : "Comment se fait-il qu'avec une jolie carrière comme la vôtre, vous ne soyiez toujours pas "BANKABLE" ? Cette question grossière et indécente, m'a fait frémir et m'a ramenée à une émission de télé vue la semaine dernière où l'ignoble "NANARD" (dit Bernard TAPIE) sommet populiste de vulgarité "sévèrement burnée" expliquait sans pudeur sa vénération pour le veau d'or (appelé également: DIEU FRIC ) et qui, pour conclure, assurait que malgré les millions d'euros qui allaient tomber dans son escarcelle, continuerait à faire l'acteur sur nos écrans et au théâtre. En entendant cet arriviste voyou se vanter de monter sur les planches avec la même facilité avec laquelle il avait jadis racheté les usines pour 1 franc symbolique, mon sang n'a fait qu'un tour. Non, Monsieur Tapie, il ne faut pas confondre faire le GUIGNOL et être COMÉDIEN. J'ai trop de respect pour ce métier et pour ceux qui le pratiquent avec foi, humilité et rigueur, pour penser un instant que vous faites le même métier qu'une ISABELLE CARRÉ- qui n'est pas "bankable", elle - ou qu'un JACQUES GAMBLIN et un FRANçOIS MOREL que j'ai vu la semaine dernière dans "LES DIABLOGUES" et qui nous font redécouvrir avec intelligence du texte incomparable, le monde poétique de ROLAND DUBILLARD.
