Pardon,pardon, décidément je "néglige" ce blog, dévorée en ce moment par des "écritures" chronophages dont je vous parlerai prochainement...Et durant cette période trop occupée, je laisserai sans doute la griffe à ma "Persane sans papiers" qui bout d'impatience derrière moi de reprendre le cours de ses "lettres"...Cependant avant de lui abandonner mon clavier et mes prérogatives, je voulais vous faire partager le bonheur que j'ai connu la semaine dernière avec "LES FOLIES COLONIALES" à la Villette. A la vue de l'affiche, déjà, je n'avais pas hésité un instant à réserver, de plus, le sous-titre "ALGÉRIE ANNÉES 30" avait redoublé ma curiosité gourmande. 1930, le centenaire de la conquête de l'Algérie, de quelles folies allait-on me parler? La compagnie s'appelle "LES PASSEURS DE MÉMOIRE" et plus que jamais, avec ce spectacle, elle justifie son nom! Rares sont les spectacles et les films qui osent aborder le sujet, toujours et encore sensible de la période coloniale de la France. Dominique LURCEL a choisi un mode cabaret hurmoristique - parodie de ceux de l'époque - pour faire passer les mots, les citations, les discours authentiques de cette période pas si lointaine, qui retrouvent une résonnance particulière aujourd'hui. S'il n'y a plus de colonies revendiquées comme telles, on peut encore percevoir dans notre France de ce début de 21em siècle, des relents de l'esprit colonial. Le spectacle est souvent d'une drôlerie terrifiante et quand après avoir entendu ces mots: " Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le droit de coloniser les races inférieures".On découvre qu'ils appartiennent au père de l'école laïque et républicaine, notre cher JULES FERRY, comment ne pas frémir? Mais on peut au moins se réjouir que l'enseignement de notre culture ait permis à FERHAT ABBAS de développer un discours lumineux et visionnaire sur la responsabilité des colonisateurs vis-à-vis des colonisés et dont je vous donne à goûter un extrait de l'intégral qui est dit (et d'une façon fort convaincante) dans le spectacle :"Mais si, derrière l’œuvre civilisatrice que la France s’est imposée en Algérie, doit se poursuivre le mépris de l’Indigène, son asservissement, son expropriation, le recrutement du peuple européen, la christianisation, la destruction de l’Islam, il ne restera plus à l’intellectuel musulman qu’à porter le deuil de son pays, de la réconciliation des races et des religions, et de ses espérances en un monde meilleur.
Mais que la colonisation prenne garde ! Elle ne doit pas oublier qu’elle reste vulnérable. Le désespoir peut conduire à la violence et à la révolte. Les principes de 1789 sont une « denrée » que la France apporte avec ses écoles et ses universités. Le jour viendra où ils pourront provoquer une explosion redoutable"
La mémoire de notre HISTOIRE doit servir à nourrir une réflexion pour construire un avenir meilleur, à moins que - suivant le proverbe chinois - "L'expérience ne soit qu'une lanterne que l'on porte dans le dos"!