"Le jeune homme à la canne"

Publié le par Laurence

"Le jeune homme à la canne"
est la dernière pièce que j'ai écrite et la deuxième qui vient d'être publiée chez l'Harmattan dans la collection "L'instant théâtral".




"...Je suis le mari de l'héroïne du DIABLE AU CORPS, le soldat à qui Raymond Radiguet a volé le bonheur" C'est cette phrase, lue dans un ouvrage consacré à "l'enfant prodige" de la littérature du début du siècle, qui a déclenché mon envie d'écrire sur les implications du réel sur la fiction, en m'appuyant sur l'héroïne du fameux roman à scandale. Aujourd'hui la "télé réalité" et l'autofiction banalisent la médiatisation de la "vraie" vie et des "vrais" gens. Il n'en était pas de même au début du vingtième siècle.



LE JEUNE HOMME A LA CANNE

La pièce se passe dans la loge d'un théâtre. Sophie doit jouer le rôle de Marthe dans une adaptation scénique du DIABLE AU CORPS. En proie aux angoisses qui précèdent une "première", l'actrice reçoit la visite d'une femme étrange prénommée Alice. Elle dit être l'inspiratrice du roman. Cette rencontre, qui en entraînera d'autres, toutes aussi insolites, permettra à l'actrice d'investir le personnage.

EXTRAITS

ALICE - Je ne vous permets pas de comparer vos sentiments aux miens. Vous ne savez rien de Raymond Radiguet, vous ne savez rien de notre histoire.

SOPHIE - J’ai passé des heures, des nuits à répéter ses mots, à apprendre par coeur des chapitres entiers de son roman, je crois que le Radiguet que je connais est plus vivant que l’image obsolète que vous conservez  de lui ! Moi, je connais les respirations de sa ponctuation, les doutes de ses points de suspension… Les hésitations des espaces blancs entre les paragraphes, quand il fouille sa mémoire pour restituer sa vérité. Je suis capable de sentir les ratures rageuses, les censures instinctives et le bonheur enfin de trouver le mot juste...

ALICE - Non, vous ne le connaissez pas ! Vous ne connaissez que les mensonges de la fiction. Vous ne savez rien de l’homme ni de sa vie.

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MARTHE - …. Le temps glisse sur moi, je continue de plaire ! Les jeunes hommes n’en finissent pas de fantasmer sur moi et les femmes m’envient. Je ne vieillirai jamais.

SOPHIE - Je ne voudrais pas t’enlever tes illusions, mais dans le genre, « fantasme érotique » tu es largement dépassée.

MARTHE - Ah ? Pourtant on ne cesse pas de me rééditer.

SOPHIE -  Parce que tu es devenu un classique.

MARTHE -  Un classique ? Moi !

SOPHIE -  Oui, même si le côté poussiéreux te déplaît, tu es un classique. Et c’est bien connu, les classiques emmerdent les jeunes gens.



Publié dans MES PIÈCES EDITÉES

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