"NOS DIVERTISSEMENTS SONT FINIS"...
C’est sur ces mots du grand Shakespeare (La Tempête ) que s’achevait notre spectacle. La « DERNIERE » fut accompagnée d’un public aussi dense et aussi enthousiaste que les représentations précédentes. J’ai, personnellement, savouré chaque instant de cette ultime représentation avec un plaisir aussi grand que le pincement qui étreignait mon cœur au fur et à mesure que le salut approchait. J’ai exécuté tous mes « RITUELS » quotidiens avec une conscience plus en éveil encore que les jours précédents, pour imprimer dans ma mémoire chaque détail, chaque impression, enfin, tout ce qui pourrait nourrir les souvenirs de cette aventure exceptionnelle. La plupart des comédiens se crée en effet des « rituels » pour chaque spectacle, superstition consciente ou repères mnémotechniques inconscients, nous prenons une gorgée d’eau, nous réajustons notre fard ou nous rangeons notre costume ou un accessoire selon un rite immuable chaque soir, d’un même geste, au même moment. Mes origines méditerranéennes ne font qu’accentuer ce chemin de superstitions et de rituels qui m’aident à « marquer mon territoire » de jeu (comme les chats). Je ne vais pas vous livrer ici tous mes secrets, mais je peux vous dire, par exemple que, chaque soir, avant le début des représentations je passais caresser les veaux, avant de faire une « italienne » (répétition du texte pour mémoire) dans le champs près de la laiterie, je peux vous dire aussi que pour la première scène j’arrachais systématiquement trois ou quatre brins de paille dans les bottes sur lesquelles j’étais assises, que je conservais dans la « loge rustique » jusqu’à la fin du spectacle…Et que je jetais un regard amusé sur l’ombre de ma silhouette improbable « A LA DUBOUT » », projetée sur les mur du couloir d’alimentation avec le dessin des cornadies. « Nos divertissements sont finis…Nous sommes de la même étoffe que les songes. Et notre vie infime est cernée de sommeil ". J’avais envie d’embrasser un à un tous ces spectateurs avec qui, nous avons durant dix représentations accroché notre charrue aux étoiles !. Hier, avant de prendre le train pour PARIS et ensuite le MORBIHAN (d’où je vous écris ce soir), je suis allée saluer nos hôtes, la merveilleuse famille COUTAZ, et caresser pour la dernière fois, ELIPOTE, EDEN et EPAUTRE…Peut-on s’attacher à un ruminant, que d’aucuns trouveront lourd, bête et sans grâce ? Pourtant, je crois bien que OUI. « EPAUTRE » est sensiblement différente des deux autres genisses qui partagent le même enclos. Elle a les cils plus longs, les yeux cernés de marron et une façon de plonger son gros museau doux et rose dans la paume de mes mains, bien particulière…
Drôle d’aventure que ces « TRACTEURS » qui ont su si bien entremêler les racines du bitume et de la terre. « PAS DE PAYS SANS PAYSAN » disait le slogan des Jeunes Agriculteurs et on peut dire aujourd’hui : dans AGRICULTURE, il y a CULTURE…
Et pour conclure ces chroniques savoyardes ,(qui seront dorénavant réunies sous la catégorie « Tracteurs » ) voici une petite photo de votre servante avec des "mamelles" et un postérieur aventageux, pas vrai?