Texte de Mohamed Kacimi

Publié le par M. Laurence

RETOUR A JERUSALEM
De Mohamed Kacimi

Extraits


SCENE 4

Haïfa,250.000 habitants, compte environ 25.000 Arabes dont soixante pour cent de chrétiens, en majorité grecs-catholiques. La tradition de coexistence entre les communautés remonte à Hassan Choukri, l'ancien maire arabe qui avait gouverné la ville entre 1914 et 1920 dans un esprit de tolérance...La scène se passe dans un café.

Le personnage :

Basma, 24 ans, brune, grands yeux noirs. Elle sirote un jus de grenade.

BASMA: Je suis Arabe Israélienne. C'est pas une identité, c'est une schizophrénie. Je rentre d'une tournée aux Etats-Unis. Là-bas, quand je disais que j'étais Arabe Israélienne, les gens me regardaient avec de grands yeux: "Mais comment c'est possible, puisque les Arabes veulent tuer les Israéliens ? Tu ne peux pas être toi et ton contraire" Nous, les Arabes de 1948, nous n'avons rien à avoir avec ceux des Territoires. Eux, ils accusent les juifs d'avoir volé notre terre, alors nous on se bat pour qu'ils ne nous occupent pas le cerveau. Ce n'est pas facile. Je fais ce que je peux. Là, je te parle en arabe et je pense en hébreu. C'est étrange, tout est étrange dans ce pays.

SCENE 5 (extrait)

LA FEMME DE MENAGE: Qu'est-ce que vous pensez d'Israël ?

LE TOURISTE:Il fait un temps magnifique, 24 degrés un 8 janvier.

LA FEMME DE MÉNAGE : Vous voyez bien, regardez comme elle est belle la ville. (Elle l'emmène sur la terrasse) Tous ces toits rouges, toutes ces fleurs, tous ces bateaux, y a jamais d'arbres morts durant l'hiver. Ici nos arbres,ils gardent leurs feuilles, Monsieur. Regardez quelle paix, on a même des Arabes qui tiennent des commerces au centre-ville et à qui on dit bonjour sans problème. Quand je pense que j'ai vécu en France, j'en ai la chair de poule. Et puis je vais vous dire, la guerre on ne la voit que sur les chaînes françaises. Tous des antisémites, les journalistes français, ils montrent l'assassinat du petit Mohamed en direct, alors que tout le monde sait qu'il est vivant, Mohamed, et qu'il vend des merguez à Gaza.




SCENE 7 (extrait)
Le personnage:
Un commerçant palestinien. Il est débouilli devant une boutique vide avec cette enseigne: "Bazar du Mont des Oliviers"

LE COMMERçANT
: Putain de pays de merde de mon cul. Avant, il y avait cinq mille clients qui passaient par là. Maintenant voilà, il n'y a que des touristes qui n'achètent rien, ils viennent prendre le mur en photo. Putain de pays de merde, à force de regarder le mur ils vont finir par nous oublier ! Vous appelez ça une terre sainte, ce rouleau de barbelés ?


SCENE 11
Jerusalem-Ouest, Marché Mahané Yehuda. Le lieu, très fréquenté, a été la cible de plusieurs attentats. On y voit des visages russes, yéménites, polonais, marocains, français. Tous les juifs du monde se retrouvent là avec leur chapkas, châles, chapeaux et femmes en perruque. En cas d'attentat, les consignes sont claires: nettoyer très vite, effacer toutes les traces et parler tout de suite d'autre chose.

Les personnages:
Le Touriste.
Le chauffeur de taxi, Israélien, 25 ans, cheveux très noirs, lunettes de soleil.

LE CHAUFFEUR DE TAXI: Vous allez où?
LE TOURISTE: A la porte de Damas, à l'entrée de la ville Arabe.
LE CHAUFFEUR DE TAXI: Mon pauvre ami, tu payes pour aller voir la tristesse, mais tu es fou. Reste en Israêl, c'est mieux, y a les plages, le soleil, les filles la bière, le bonheur.
LE TOURISTE: Y a pas de soleil dans la ville arabe ?
LE CHAUFFEUR DE TAXI : Personne n'ose y mettre les pieds, pas même le soleil, mon frère, surtout pas le soleil.


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M
Des frissons dans le dos en lisant ces dernières répliques...
Répondre
M
Et encore...ce ne sont que des extraits!