ABILIFAÏE LÉPONAIX...
Pour la plupart d'entre vous, d'entre nous ce titre BARBARE ne signifie rien et ce fût ma première réaction quand un auteur JEAN CHRISTOPHE DOLLÉ , appartenant comme moi aux "Écrivains Associés du Théâtre"me fit passer une invitation à l'avant première du spectacle qui portait ce nom. Ma curiosité naturelle fut cependant attisée d'une part par ce titre mystérieux et d'autre part - dois-je l'avouer ? - par la proximité de ce joli petit théâtre, le CINÉ 13, situé près du moulin de la Galette, à quelques enjambées de mon domicile . Quand j'ai lu sur le verso du flyer (oui, c'est comme ça qu'on dit et surtout pas "tract" sous peine de passer pour un has been !) donc, quand j'ai lu le verso du flyer, j'ai découvert ces lignes: "Quatre shizophrènes frappants de lucidité, leurs éclairs de pensée fulgurants, leurs traits d'humour désarmants, leur quotidien aux frontières de la raison..." Bigre ! Aurai-je le courage de quitter mon domicile douillet pour grimper sur la butte à 21h30 pour affronter un sujet aussi difficile, même dans un théâtre douillet ? La réponse est OUI, OUi, et mille fois OUI ! Le travail de J.C Dollé (qui est aussi acteur) et des trois acteurs qui l'entourent est remarquable, il permet de nous faire pénétrer au coeur de l'univers schizophrènique en nous tenant par la main, pour tenter sinon de comprendre, tout au moins de se rapprocher de la différence. C'est fort, c'est beau, c'est parfois drôle et souvent poétique. Que Salomé LELOUCH (mais oui la fille de Claude et d'Evelyne Bouix) qui gère le Ciné 13 soit remerciée pour avoir pris l'initiative d'accueillir ce spectacle (qui a été lauréat du prix du public en Avignon 2010). Je vous laisse maintenant découvrir sa genèse racontée par J.C Dollé:
"Un jour j’ai eu ce cahier entre les mains.Il appartenait à une jeune psychologue. Il y avait là des notes qu’elle avait prises lors d’entretiens avec des schizophrènes en hôpital de jour. Tout y était minutieusement retranscrit.Ça ressemblait à des brèves de comptoir. Une suite de réflexions où le bon sens, frôlant parfois la clairvoyance, côtoyait les poncifs les plus éculés. Ça aurait pu être léger et prêter à sourire. Mais ces mots étaient ceux d’hommes et de femmes en souffrance. Et j’ai vu soudain la poésie à l’état pur. J’ai compris que poésie et folie n’avaient sans doute fait qu’un, un jour. Ces notes prises sur le vif, au gré des conversations, des entretiens, c’était l’esprit humain sans fard, à nu, comme si la folie était la vraie nature humaine.
Et j’ai pensé que c’était ça le THÉÂTRE..".
***"Abilifaïe Léponaix " n'est pas le nom d'un animal étrange , mais celui d'un médicament familier pour les patients et leurs proches