Il n'a pas voulu que son nom soit gravé dans le marbre avec les deux dates de début et de fin. Il disait dans sa bio "Je suis né quelque part dans un avion entre Athènes et Paris" JEAN MENAUD était un être complexe et mystérieux, difficile à cerner, à apprivoiser. Après avoir été DANSEUR, il avait décidé d'être COMÉDIEN en empruntant la VOIE ROYALE de l'école de la "Rue Blanche" (ENSATT) et du CONSERVATOIRE DE PARIS, puis de l'ACTOR'S STUDIO; La première fois que je l'ai vu, il jouait PASOLINI. Je l'avais rencontré à la sortie du théâtre, j'avais été fascinée par l'intensité de son regard l'architecture de son visage à la beauté singulière et sa voix grave et sombre. Il aimait se glisser dans les personnages tragiques, cassés, incandescents. Il avait été un superbe PASOLINI et un inoubliable VAN GOGH.
Quelques années après cette rencontre, il fut mon metteur en scène et partenaire dans une reprise des "PEUPLIERS d'ETRETAT", un spectacle sur MAUPASSANT et mon TITUS dans BERENICE. Nous nous comprenions sans avoir besoin de nous parler et nous pouvions rester sans nous voir durant des années et renouer le fil instantanément, nous avions une complicité fraternelle. Il a tiré sa révérence à l'aube de la nouvelle décennie, sans fleurs, sans couronnes, sans saluts. Comme moi, il adorait les chats et comme les chats, il a voulu cacher sa maladie et sa mort.On peut encore lire sur l'ébauche de son site, près d'un petit coeur qui bat: " Aime: L’insolite. Les roses qui sentent. Les cheveux noirs et drus. Les matins. Les villes. Les villes au petit matin. Peter Brook. Giorgio Strelher. La danse (..,) L’Egypte (... ) Le rock, Bach, la musique religieuse, le bandonéon de Piazzola, les voix de haute-contre et Arvo Pärt. Le bordeaux et les voitures de sport (... ) L’Italie et Proust. Déshabiller un corps le plus lentement possible. Le cinéma de Pasolini et de Bergman.( ... ) Les gares, les trains, les bateaux, les ports..."