AGNÈS... L'ADIEU
...Le prénom de l'ingénue de "L'ÉCOLE DES FEMMES" mais sur la photo qui a circulé dans tous les médias et aujourd'hui sur les bancs de l'église du Perpétuel secours, le regard d'AGNÈS MARIN n'est pas ingénu, il vous vrille le coeur avec une intensité, une détermination qui sonne comme un défi, loin de toute mièvrerie "ingénue". AGNÈS aurait dû fêter aujourd'hui ses 14 ans mais elle était allongée dans un petit cercueil blanc. Agnès a été massacrée par un jeune homme de 17 ans, un lycéen que les aléas d'une justice hasardeuse a mis sur son chemin. Je ne connaissais pas cette jeune fille, , mais comme tout le monde j'avais été bouleversée, sidérée par ce fait divers abominable. Tous les jours l'actualité nous livre son lot de crimes odieux, de fillette de 8 ans tuée à l'arme blanche par un voisin à deux pas de chez elle à une autre de 10 ans tuée par le coup de pied meurtrier d'un enfant de 9 et pourtant le meurtre d'Agnès, peut-être parce que les deux "héros" ont l'âge de Roméo et Julietteet que la barbarie dépasse l'entendement, ce crime là devient obsédant. Mais quand j'apprends que le grand père de le jeune AGNÈS est un camarade, acteur et auteur que je côtoie régulièrement au sein des Écrivains Associés du Théâtre, le "FAIT DIVERS" quitte l'innomable, l'improbable pour devenir le palpable. On change de focal et la jeune fille de papier devient une proche de chair et d'os. Il m'apparaissait donc normal d'être dans cette église du "Perpétuel Secours" cette après midi, sans voyeurisme, sans indécence pour tenter de témoigner modestement à toute cette famille en souffrance de mon impuissante solidarité. Tous les témoignages, de ses ami(e)s de collège ou de la famille étaient bouleversants, mais j'ai retenu particulièrement la rage sourde de ce père qui en appelle à la justice et non à la vengeance et du frère de quatre ans son aîné qui se demande comment il pourra vivre sans cette soeur vivante, rebelle, combattante et demande à tous les présents de les aider dans le combat judiciaire qui va commencer maintenant. AGNÈS était une battante, elle en a laissé la preuve sur le visage de son agresseur en permettant ainsi de l'identifier. En sortant de l'église, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour la famille du jeune Mathieu entrée en ENFER en même temps que celle d' Agnès. Où se situe la responsabilité de la société dans ce crime sordide ? Assurément dans ce cas précis par un dysfoncitonnement de l'appareil judiciaire, de responsabilités diluées, de silences coupables, mais plus généralement les violences faites aux femmes sont-elles plus nombreuses aujourd'hui qu'hier ? Ou bien plus médiatisées aujourd'hui qu'hier ? (Et c'est tant mieux) Le premier juge a-t-il estimé comme bien d'autres hommes que le VIOL n'était pas vraiment un CRIME quand le jeune Mathieu avait commis quelques mois auparavant un viol avec arme sur une autre jeune fille ? Qui apprend aux garçons le respect des femmes ? La Société ? L'École ? La famille ? Les mères, donc les femmes elles-mêmes ? Robespierre sous l'impulsion de Barrère avait décrété en 1793 LA TERREUR à l'ordre du jour, QUI a décrété la VIOLENCE à l'ordre du jour de notre quotidien ?