ANITA...
ANITA, c'est un prénom gai, un prénom qui claque, un prénom qui souffle un petit vent d'exotisme, de pays lointain, il vient du prénom hébraïque Hannah dont il est le diminutif et qui signifierait "grâce". NOTRE" ANITA PLESSNER était gaie, malicieuse, intelligente, cultivée, mélomane. Elle était comédienne et la doyenne - je ne suis pas sûre qu'elle aurait aimé être appelée ainsi, donc disons plutôt : LA JEUNE DOYENNE - de notre collectif : A MOTS DÉCOUVERTS. Anita était coquette, elle se parfumait à "l'HEURE BLEUE" de Guerlain et s'habillait avec grâce. Elle faisait partie de cette multitude d'artistes dont le nom n'illumine pas les façades des grands théâtres et qui ne monopolisent pas les plateaux de télévision, mais qui servent toute leur vie les auteurs et le THÉÂTRE, artisans généreux dont le salaire modeste n'est valorisé que par les applaudissements et la reconnaissance éphémère du public le soir de la représentation. ANITA était de ceux là, elle me confiait, il y a quelques mois, à l'une de ses sorties d'hôpital qu'elle ne se sentait peut-être plus tout à fait la force de remonter sur un plateau pour jouer - enfin, pas tout de suite - mais que sa retraite ne lui permettrait pas de vivre et qu'elle pourrait toujours assurer des lectures. Cette anecdote pour dire, non seulement l'indécence des retraites de nos professions, (plus minables encore que beaucoup d'autres) mais aussi LE DÉSIR toujours vivant d'être sur les planches jusqu'au bout, liée à l'OBLIGATION VITALE. ANITA, petite et fragile comme un moineau, s'est battue pendant deux ans, avec une force insoupçonnable contre cette saloperie de CRABE qui décime tant d'humains, mais la camarde a toujours le dernier mot. ANITA nous a quittés le 20 janvier et nous allons l'accompagner aujourd'hui vers un ailleurs qui résonnera, j'espère, de tous les applaudissements qu'elle aimait tant. J'offre à ses yeux si bleus et à son sourire malicieux, la dernière strophe de la chanson de Jean-Roger CAUSSIMON qui s'appelle "Les comédiens". Les comédiens
Quand l’âge vient
Quittent la scène
Et quand il leur advient
De vivre de longs jours
Sur cour ou sur jardin
Tout seuls ils se souviennent
De ce fichu métier
Qu’ils ont aimé
D’amour