AVIGNON (suite)
Quelques jours après mon retour, que me reste-t-il de mon court séjour à Avignon ? Des centaines de milliers d'affiches superposées, une foule cosmopolite, des centaines de parades qui tentent toutes les cartes de l'originalité pour attirer l'attention de spectateurs noyés dans la profusion, une chaleur caniculaire, des climatisations bruyantes ou dangereusement glaciales, des petites salles bourrées à craquer et de grandes salles très "clairsemées"...Des responsables de compagnie dont on voit fondre l'enthousiasme au même rythme que leurs économies...Cette foire de théâtre est follement gaie et follement triste ! Bien peu sont ceux qui en repartent plus riches, avec une provision de rêves et de contrats dans leurs bagages! En tant que spectatrice professionnelle cette année (j'aurais bien aimé y faire l'actrice...mais.) J'en suis donc revenue avec un bilan contrasté - comme on dit dans le monde politique - quelques regrets, en particulier le fait d'être partie avant le "RICHARD II" dans la cour d'honneur. J'ai toujours le coeur gros de quitter le festival sans aller dans ce lieu mythique...Regret aussi de n'avoir pas vu plus de 16 spectacles en cinq jours - ce qui est une petite moyenne - mais je ramène aussi dans mes valises quelques belles découvertes: compagnies, acteurs, auteurs..."La Compagnie du grand soir" avec sa joyeuse adaptation sous forme de cabaret de la "LA VIE DE GALILÉE " de BERTOLD BRECHT, mené rondement par une équipe dynamique et talentueuse. "FEMMES PASSÉES SOUS SILENCE" avec trois jeunes comédiennes qui déploient une belle énergie assortie d'une touchante sensibilité pour porter des textes d'auteurs contemporains sur la condition des femmes (dont le mien...en toute modestie) "FRAGMENTS DU DÉSIR" pour l'originalité de cette compagnie de théâtre gestuel, que je découvre cette année avec bonheur, et met en scène un univers à la Almodovar parfaitement jubilatoire. "MOBY DICK" parce que j'aime le théâtre musical et que je trouve culotté de porter ce sujet sur un plateau avec trois comédiens chanteurs et trois musiciennes. Il faut dire que Jonathan Kerr qui joue ici Achab était l' auteur de "CAMILLE C... (laudel)" donc pas vraiment un débutant ! Et je voudrais maintenant saluer tout plein de jeunes femmes qui portent avec force, talent, vigueur, inventivité : "LES NUAGES RETOURNENT À LA MAISON" sur le texte d'une femme : LAURA FORTI, texte fort et émouvant mis en scène par Justine Heynemann et joué remarquablement par Féderica MARTUCCI (qui l'a également traduit) et Stéphanie COLONNA..."ATTILA REINE DES BELGES" écrit et joué par Marie-Elisabeth CORNET qui incarne avec brio 67 personnages pour nous raconter une histoire d'identités - les siennes - multiples et riches de leur diversité. C'est également un beau plaidoyer pour l'adoption. "APPRIVOISER LA PANTHÈRE" d'après "Les identités meurtrières" de Amin Maalouf, avec une jeune équipe formidable mis en scène de façon époustouflante par Hala GHOSN. C'est sans doute le spectacle qui m'a le plus éblouie, par son inventivité, son propos, sa pertinence et son impertinence...Il rejoint dans ma mémoire "NOTRE TERREUR" dont je vous avais parlé en début de saison dernière qui m'avait bien secoué les neurones après la torpeur estivale! Enfin pour terminer : le dernier spectacle que j'ai vu avant de prendre mon train...Là aussi, encore un projet porté par une jeune femme: Layla METSSITANE avec une adaptation de "STUPEUR ET TREMBLEMENTS" d'Amélie Nothomb. Je ne suis pas une fan absolue d'Amélie N. et l'insistance de la jeune actrice pour m'inviter à voir son travail pouvait m'indisposer...Et pourtant je suis ressortie convaincue par la superposition des cultures qu'elle nous propose avec humour et gravité aussi, pour démontrer que le maquillage blanc des Nippones peut équivaloir au voile noir dans l'éventail des oppressions subies par les femmes...
PS: Mon problème de "photos" est enfin résolu, grâce aux talents multiples de Mister"Bullblog" !