VIVE LE THÉÂTRE !...
Janvier se termine, les bonnes résolutions sont déjà classées dans la rubrique "L'ANNÉE PROCHAINE", je savoure avec délice les "quelques minutes de soleil en plus" qui permettent déjà de rêver au printemps et d'oublier ainsi la HONTE quotidienne de vivre en SARKOLAND ! Vous savez le pays de l'élégance et du bon goût, celui aussi d'une langue complexe et raffinée. Ce pays qui a aujourd'hui pour ROÎTELET un homme qui marche comme une marionnette gênée par ses couche-culottes, un ROîTELET "Ubuesque," qui pense que l'heure qu'il achète plus cher durera plus longtemps qu'un sablier, Un ROÎTELET de tragi-comédie qui manie la langue de Molière comme une vache espagnole en phase terminale de Creusfeld-Jakob, Un ROITELET enfin, qui traite ses sujets de "PAUV'CONS" et qui pense en détenant tous les pouvoirs gagner quelques centimètres....Non, je n'ai pas titré cet article : "ViVE LE THÉÂTRE" en pensant à ce tragique ROÎTELET aux habits trop grands pour lui, mais en hommage au THÉÂTRE, le vrai, celui qui nous tend un miroir magique pour réfléchir sur une réalité transcendée. Vous le savez, je vois beaucoup de spectacles par "obligation professionnelle" mais aussi et surtout par passion. Je suis une spectatrice addicte et les années ne sont pas venues à bout de cette merveilleuse maladie. Le MONDE EST UN THÉÂTRE disait Shakespeare et c'est encore en le regardant par ce prisme que je vois le mieux LE MONDE. Je voudrais aujourd'hui vous parler de deux spectacles, de deux metteurs en scène, de deux univers profondément différents mais aussi jubilatoires l'un que l'autre. Il s'agit d'une part de "LE ROI NU" de Evguéni SCHWARTZ, mis en scène par Philippe AWAT ( cet homme en noir et blanc, au regard pétillant de sombre malice)
L'auteur est russe, mort en 1958 et devait utiliser les subterfuges de la farce pour critiquer le pouvoir en place. Le ROI NU est donc une fable très édifiante (inspirée de trois contes d'Andersen) sur un ridicule et monstrueux dictateur (c'est un pléonasme bien sûr). Philippe AWAT en tire un spectacle, drôle, cinglant, inventif, délirant et réglé comme une mécanique Suisse. UN VRAI BONHEUR. Pour le moment, ça se joue au THÉÂTRE DE LA TEMPÊTE jusqu'à la mi-février, mais ça va tourner, guettez-le dans vos régions. Il en est de même pour "CERCLES/FICTIONS" écrit et mis en scène par Joël POMMERAT, qui vient d'être créer au THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD, théâtre magique s'il en est et tout imprégné de l'esprit de Peter Brook. Joël POMMERAT est un homme singulier. Il écrit pour un groupe d'acteurs - toujours les mêmes - et ne met en scène que ce qu'il écrit. Le résultat est incomparable et dans ce spectacle qui nous parle de l'intime et de l'universel, il atteint la perfection, tant sur la forme, parfaite dans sa pureté et sa sophistication, que sur le fond qui nous entraine dans un labyrinthe de réflexions dans lequel il nous perd et nous récupère avec une maestria superbe. J'ai choisi cette photo couleur pour vous montrer son visage grave démenti par des yeux inquisiteurs mais rieurs et si vous regardez bien la photo, au milieu de cet environnement de livres et qu'on pourrait croire intellectuel, il y a une chaussure insolite à la Magritte, dans la bibliothèque...ça le définit assez bien, je trouve. Et pour finir, quelques citations du même Joël POMMERAT: 


- « Je suis auteur. Auteur de mots et de sens. C'est pour devenir un auteur vraiment que je suis devenu metteur en scène. »
- « Je vois le travail du metteur en scène moderne comme un PALIMPSESTE »
- « Rien n'est plus beau selon moi que l'équilibre précaire. »