SUR LE PONT D'A...
Le pont d'Avignon pose le problème éternel du "verre à moitié vide ou à moitié plein.." A-t-il décidé de s'arrêter à mi-chemin de sa traversée du Rhône ? Ou bien au contraire s'élance-t-il vers l'autre rive ? Il est peut-être le symbole de ce FESTIVAL partagé entre un avenir résolument "moderne" ou bien prisonnier de son inoubliable et glorieux passé ?...Cette année j'étais très heureuse d'avoir internet dans ma chambre et je pensais sincèrement pouvoir écrire un billet quotidien durant les cinq jours passés à Avignon, mais je dois avouer mon incapacité à transcrire le soir en rentrant, les notes griffonnées à la volée entre deux suées, deux douches, deux traversées de la ville d'un rempart à l'autre...J'ai donc décidé de vous livrer mes bribes d'impressions en vrac et dans le désordre, comme les affiches qui recouvrent en ce moment les murs de la cité des Papes ...
" Comment mettre les pieds au Festival d'Avignon sans avoir d'abord une pensée pour son fondateur : JEAN VILAR ? Au détour d'une rue, son image observe d'un oeil dubitatif ce qu'est devenu "SON " festival de théâtre Populaire, crée en 1947 et destiné à faire partager la culture au plus grand nombre. Faire entendre de grands textes pour nettoyer les oreilles polluées par 6 ans de guerre, d'occupation, de propagande, d'horreurs" " Le Festival atteint aujourd'hui l'âge de la retraite (selon Sarkozy) quel sens a-t-il aujourd'hui ?" VILAR montait "RICHARD II" "LORENZACCIO" ou "LE PRINCE DE HOMBOURG" avec une rigueur presque sacrée au vingtième siècle, alors que MALRAUX disait que le vingt et unième siècle serait spirituel ou ne serait pas...Et le Festival d'Avignon multiplie les spectacles comme le cancer multiplie les cellules malignes...1.100 spectacles dans cette édition 2010 " " Les successeurs de VILAR (à ne comprendre que dans la sens de la chronologie , mais pas de la mission) refusent l'appelation "IN" et donc "OFF" . Pour eux, il n'y a qu'UN FESTIVAL, celui qui se joue dans les lieux prestigieux du Palais des Papes, du Cloître des Carmes ou plus insolites, mais avec le label de l'authentique AVIGNON symbolisé par un " A" majuscule propre et branché, alors que le Festival de Vilar était symbolisé par trois clefs, celles de la connaissance qu'il offrait à ses spectateurs. Changement d'époque..." " Petit portrait de la festivalière "fidèle". Elle a sûrement connu Vilar (peut-être pas en 47 !) Elle a réservé ses places dès l'ouverture de la location, après avoir appris la "bible" par coeur. Elle porte une robe ou un pantalon large en lin du "Comptoir des Cotonniers" ou de chez "Zadig et Voltaire", elle est enseignante (peut-être à la retraite) elle mange bio et boit du thé vert sans sucre, elle lit "LIBÉ" "LE MONDE" et "TÉLÉRAMA" , elle écoute FRANCE CULTURE et suit la présentation du matin au Cloître St Louis, elle peut faire de mémoire une étude approfondie et comparative du "RICHARD II" de Mnouchkine avec celui de Vilar et demain avec celui de Sastre..."
Demain, je vous livrerai mes impressions sur les spectacles vus dans le OFF